« L’eau me fascine. Plus l’obscurité s’avance, plus elle ressemble à un énorme reptile dont les écailles de feu miroitent encore entre les branches. » Clavel, "Au bonheur de l’eau"
L’eau de la fontaine était vraiment si tentante,
De cette clarté limpide, si attirante,
Que Bernard s’y abandonna sans retenue,
Même s’il avait été dûment prévenu.
« Tu vas devenir comme Popi le bancal
gronda son cher père d’une voix gutturale,
Je t’avertis, que je t’y reprenne à en boire
De cette eau glacée, pernicieuse, et tu vas voir ! »
Mais le jeune Bernard n’en faisait qu’à sa tête
N’écoutait personne, tout en faisant la bête,
la tentation fut trop forte au bout d’un moment,
Comme l’envie de désobéir, sûrement.
Et il retourna boire de cette eau glacée,
N’en étant alors pas encore rassasié,
Se disant, « si je deviens comme Popi,
Je verrai bien, qui vivra verra comme on dit. »
Mais la nuit venue, Bernard fit des cauchemars,
Popi, menaçant, sortit soudain du placard.
Le matin, il se précipita tout tremblant,
Fébrile, dans les bras de sa mère en pleurant.
Il eut beau répéter qu’ils lui avaient menti,
Qu’ils étaient même la cause de ses frayeurs,
Simplement pour avoir voulu lui faire peur,
Rien n’y fit et il fut promptement puni.
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<< Christian Broussas • Bernard et Popi • © CJB ° 17/06/ 2011 >>
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