jeudi 14 septembre 2023

Bernard Clavel Synthèse générale

      Présentation pédagogique          
Titre des ouvrages
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         Ses romans          
Clavel Catégorie II          Son oeuvre hors romans  
Clavel Catégorie III          Son oeuvre post 2015
   Présentation ppt
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dimanche 20 août 2023

Gérard Chappez, Bernard Clavel, une destinée jurassienne

 Référence : Gérard Chappez,  Bernard Clavel, une destinée jurassienne, éditions Cabédita, 192 pages, avril 2003

                      

Après toutes ces années passées, voilà une biographie bienvenue. Les biographies précédentes, comme celle de Marie-Claude de Coninck ou de Michel Ragon, sont maintenant trop anciennes pour qu’elles couvrent tout le parcours de Bernard Clavel.

Celle-ci, due à Gérard Chappez [1], un franc-comtois de Clairvaux-les-lacs [6], a une autre vertu, celle d’être vraiment complète et donc de balayer la vie assez tourmentée de Bernard Clavel, même si elle consiste surtout à compiler ce qu’on connaît déjà de lui, et n’offre guère d’éclairage spécifique sur son œuvre et les interactions entre sa vie, ses engagements et ses écrits.
Mais c’est un peu la loi du genre.

Bref, ceux qui cherchent juste une compilation complète et bien présentée sur sa vie et son œuvre ne seront pas déçus. Cependant, j’aurais aimé une approche plus structurée mettant en lumière les années 1950-60 [2] où il recourt surtout à l’autobiographie [3], les grands cycles des « romans historiques » des années 1970 (Les Colonnes du ciel) et des années 1980 ou « époque canadienne » (Le Royaume du nord) et enfin ce que j’appelle « le retour sur lui-même » des années 1990-2000 dont on peut dire qu'elle débute à partir de la publication de son roman Quand j'étais capitaine.

         


Sa vie est indissociable de son œuvre, dominée par ses engagements contre l’injustice et la misère, la peine de mort quand bien sûr elle sévissait encore, et surtout contre la guerre, marquée par son pacifisme, la non-violence et la défense des droits et l'homme. Cette philosophie, véritable fil conducteur de son action, draine aussi bien sa vie, ses écrits engagés comme Le massacre des innocents ou des romans tels que Le silence des armes ou son dernier, Les Grands malheurs.


On peut aussi affirmer qu’il fut un écologiste avant l’heure, non seulement son œuvre fictionnelle en témoigne, que ce soit évoqué dans Le Seigneur du fleuve ou comme thème du roman lui-même dans Le Carcajou, Maudits sauvages ou Cargo en enfer mais il écrivit aussi nombre d'articles et de préfaces comme Le talon de fer, Mourir pour Dacca [7] ou Gandhi l'insurgé.

              

Le livre présente aussi au fil de la chronologie des aspects moins connus de l'œuvre de Bernard Clavel. Il a écrit nombre de contes pour la jeunesse dont le plus connu L'arbre qui chante, mis en forme des légendes qu'il affectionnait, celles des lacs et des rivières, des montagnes et des forêts et d'autres encore. [4] Il évoque aussi ses albums sur les vendanges dans le Jura, la fleur de sel de Guérande ou l'hiver, sa saison préférée ou des albums plus spécifiques comme L'ami Pierre.

             

Ce qui fait l’intérêt de cette biographie fort bien documentée, est que l’on retrouve toutes ces périodes agrémentées d’anecdotes qui apportent un côté ludique à une écriture agréable.
Voilà en tout cas une initiative fort bienvenue (et trop isolée) pour fêter comme il se doit le centenaire de sa naissance [5] et rappeler tout ce qu’a apporté Bernard Clavel à la littérature, peignant des univers à sa mesure et des personnages à son image.

Clavel à La Courbatière dans l'Ain

Notes et références
[1]
Gérard Chappez a écrit plusieurs ouvrages sur la Franche-Comté et une autre biographie consacrée à l’écrivain Louis Pergaud.

[2] De ses premiers romans publiés jusqu’aux années 1968 (prix Goncourt)-1970 (retour dans le Jura à Château-Chalon)
[3] Citons en particulier le cycle de La Grande patience, L’Hercule sur la place et L'Espagnol
[4] On peut aussi citer Les Légendes du Léman, Les Contes espagnols, Les Contes et légendes du bordelais, Les légendes de la mer et Bonlieu ou le silence des nymphes.
[5] Rappelons que la covid a empêché l’hommage prévu en 2020 pour le dixième anniversaire de sa disparition.
[6] Sur Clairvaux-les-lacs, voir son roman intitulé "Meurtre sur le Grandvaux"
[7] Voir mon fichier intitulé "L'homme engagé", introduction à L'Affaire Deveaux, Mourir pour Dacca et sa relation avec Louis Lecoin.

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jeudi 20 juillet 2023

Clavel Hommage 2023

        L’arbre qui chante

Quoi de plus rafraîchissant pour le centenaire de la naissance de Bernard Clavel le 29 mai 1923, que der lui rendre hommage à travers ses trois premiers contes pour la jeunesse.

Ah, les arbres et Clavel : c’est encore une histoire d’amour. Les habitants de la forêt de Chaux qui fuient la guerre dans La saison des loups, la forêt semée d’embûches, sous la pluie, où Jacques Fortier tente d’échapper à ses poursuivants dans Le silence des armes…. Et d’autres livres consacrés aux arbres comme cet album qui s’intitule simplement Arbres ou Célébration du bois.

                   
Josette Pratte lisant Clavel       Expo à Chateau-Chalon

Cette fois dans cette édition, Clavel nous offre trois contes (dits pour enfants) avec un arbre qui chante et deux histoires où il est question de chiens, La maison du canard bleu et Le chien des Laurentides, petit clin d’œil à ses séjours canadiens, reposant sur l'idée d'une harmonie indispensable entre l'homme et la nature.

     
Bernard Clavel à Capian (33) en 1996

« Il avait une capacité singulière à se glisser dans la peau des petites gens. » Josette Pratte

L'arbre qui chante (1967, illustrations de Jean-Claude Luton)

« C'était un matin de janvier. Un de ces beaux matins blancs et secs pareils à ces vieux montagnards qui ont du givre à leurs moustaches et des yeux pétillants de soleil. » Voilà un style qui augure bien d’une belle histoire et voilà comment commence L’arbre qui chante. N’avez-vous jamais entendu chanter un arbre, un arbre qui craque, un arbre dont les feuilles froufroutent, secouées par le vent… Mais non, ici il s’agit d’un vieil érable, un arbre mort.

              

C’est le vieux luthier, le père Vincendon, l’ami lédonien de son père, qui  peut  prend un vulgaire bout de bois et le transformer, par la magie de ses doigts d’où, en une œuvre d’art.

Mais que cachait Vincendon aux enfants Isabelle et Gérard en leur promettant qu'il « chantera encore mieux que lorsqu'il avait des oiseaux plein les bras ? » Mystère qui excitait l'imagination des enfants. La musique qui s'éleva du magnifique violon que Vincendon avait façonné de ses mains fut la mélodieuse réponse qui émerveilla aussi bien les enfants que toute l'assistance.

                   

Clavel, c'était d'abord « la guerre à l’injustice, qu’elle concerne la pauvreté, la mise en danger de la planète, le handicap, la guerre, la solitude, la corruption… »

La maison du canard bleu (1972, illustrations de Jean-Baptiste Fourt)

Christine et Roger âgés de six et neuf ans profitent des vacances à la campagne pour jouer dans les bois près de la maison. Bien sûr, ils n'ont pas le droit de dépasser les limites fixées. Mais Roger poussé par sa curiosité franchit ces limites pour aller admirer sur un étang un magnifique canard bleu.
L'idée lui prend de sortir son lance-pierres pour défier le volatile mais il sera finalement la victime de son imprudence.

    Lons fête son centenaire
Cependant, les enfants vont rencontrer Simon et son chien Nicolas. Il passe pour un homme excentrique dont on se méfie au village, qui soigne les animaux blessés et qui va leur apprendre le respect des animaux et de tout être vivant. Clavel met en scène ici un de ces thèmes favoris : le respect des autres et du monde vivant.

          

Le chien des Laurentides (1979, illustrations de Léonor Dodon)

Un pauvre chien loup, maltraité par son maître, décide de s'enfuir. Pris dans un violent orage, il  se réfugie dans une grange et fait connaissance avec une petite fille nommée Céline. Immédiatement naît une profonde amitié entre eux et ils se comprennent sans difficulté.
Mais les parents de Céline refuse d'héberger un animal. Cependant, Céline a plus d'un tour dans son sac et va réussir à s'imposer. Il lui faudra ruser pour arriver à ses fins sans sacrifier la liberté du chien.
Une belle aventure de liberté et d'amitié.

           

Référence
L'arbre qui chante, édition Pocket, réédition 2002, 58 pages
Voir aussi

Contes et Nouvelles, jeunesse -- Témoignages 2010 -- Clavel dans le Jura --
Clavel 2023 -- Lire Clavel -- Histoires de Noël --
* Interview de Josette Pratte --
Gérard Chappez, Bernard Clavel, une destinée jurassienne, Les éditions Cabédita, 192 pages, 2023

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dimanche 25 juin 2023

Identité et modèle chez Clavel

Le concept d'identité chez Clavel

L'identité est d'abord rattachée  au terroir, celui de Clavel étant essentiellement double, celui de son enfance à Lons-le-Saunier et le Jura et celui du jeune adulte à Lyon et la vallée du Rhône. Mais c'est aussi affaire, comme il le dit lui-même, de "géographie sentimentale", quand un individu peut se sentir "déraciné" par rapport à son environnement, étranger à son entourage ou à son époque.

Les exemples sont nombreux et j'en ai sélectionné quelques uns parmi les plus significatifs. Le jeune Julien Dubois (le nom de sa mère) de La maison des autres (le tome 1 de La grande patience), qui perd ses repères, traumatisé par un patron sadique, Simone, la prostituée lyonnaise hébergée chez les Brassac, Pierre Vignaud le jeune paumé qui va "jouer les hercules", les trois jeunes de Malataverne livrés à eux-mêmes, qui vont "mal tourner", Jacques Fortier fourvoyé dans une guerre qu'il finira par maudire ou dans un genre différent, Cyrille Labrèche le pionnier de l'Harricana, qui part à la recherche d'une autre vie, sinon de lui-même.

Face à ces individus déracinés, à la dérive ou qui cherchent leur voie, des gens de bonne volonté, véritables "figures parentales", les aideront à franchir un cap difficile, à se réaliser et parfois à se racheter de leurs erreurs passées. Ce sont des modèles de référence qui s'opposent  à des anti-modèles. Ainsi, Kid Léon aidera Pierre à se réhabiliter face à Pat Carminati, André tentera  d'aider Julien à supporter les manipulations de Petiot son patron et Marie la femme de Brassac, prendra Simone Garil sous son aile pour qu'elle puisse sortir des griffes de Marcel son souteneur.

 Cette dualité entre modèles et anti-modèles s'exprime chez Clavel par des représentations récurrentes, dominée par le thème de la fuite. Le nid ou cocon, siège d'une existence à l'écart, s'oppose au bruit et à la fureur des villes. Ainsi, dans les deux romans Le voyage du père et Le tonnerre de dieu (ou Qui m'emporte) , la femme livrée aux dangers de la ville, tombera dans la prostitution, même si Marie s'en sortira en quittant la ville tandis que Marie-Louise la fille de Quantin, restera prisonnière de la ville.

Ainsi, on retrouve cette dualité sous la forme construction/destruction, dans les deux premiers tomes des Colonnes du ciel, Harricana et L'or de la terre. Dans le premier, les Robillard défendent des idées de solidarité et de tolérance, pensant à construire leur maison et leur vie, tandis que les chercheurs d'or du second ne pensent qu'à s'enrichir en détruisant leur environnement, en défrichant la forêt, en polluant les eaux et en s'affranchissant des règles de vie en société.



Autre exemple intéressant de cette dualité construction/destruction, l'opposition entre le pacifisme de Clavel, sa non-violence et cette attractivité pour l'héroïsme, l'aura du guerrier qui lui vient de sa jeunesse et d'un oncle militaire qu'il admirait. Il évoluera en refusant de cautionner la torture d'un traître en 1944 dans le maquis jurassien et à travers ses rencontres avec l'allemand Hans Balzer à Carcassonne en 1942 puis à Weimar en 1965. Il marquera son rejet des "maîtres à penser", rejoignant ceux qu'il appelle des "maîtres à vivre" comme Romain Rolland ou Louis Lecoin.

       

Deux temps forts vont marquer Bernard Clavel dans sa confrontation avec la guerre. D'abord pour le plus récent, sa prise de recul par rapport à son enfance et l'influence de son oncle Charles Mour, Charles Lambert dans son roman Le soleil des morts [1] paru en 1998 [2], attitude qu'il concrétise dans ses derniers romans "lyonnais" où il dénonce encore et toujours la guerre, celle des Cent-Jours dans La table du roi, la guerre des Gaules dans Le cavalier du Baïkal et l'intolérance, la persécution des chrétiens dans Brutus.

      

Le second événement est à la fois plus ancien et plus important. Il se focalise sur la rencontre à Lausanne de Clavel avec l'association Terre des hommes dont il tirera en 1970 un livre-témoignage intitulé Le massacre des innocents, livre dont les bénéfices seront reversés à cette association pour en particulier aider l'établissement de santé de Massongex qui prend en charge les enfants malades ou estropiés.

Puis ce sera en 1974 la publication la parution de son roman Le silence des armes qui va susciter de nombreuses polémiques. Cette dénonciation de la guerre d'Algérie est aussi la prise de conscience de son héros Jacques Fortier des horreurs de cette guerre et son refus de retourner combattre en cautionnant les actions de l'armée française et les exactions commises.

Son roman sera attaqué par tous les "va-t-en-guerre" et Bernard Clavel en profitera pour préciser sa position face à ses détracteurs, en particulier à Mac Seale, un caporal de la Légion qui l'avait violemment attaqué, par un essai intitulé Lettre à un képi blanc. Cet épisode nous renvoie à son livre-témoignage Le massacre des innocents qui retrace le combat qu'il a mené aux côtés de l'association Terre des hommes et de son leader Edmond Kaiser pour secourir les enfants livrés à la guerre et à la famine.

Le silence des armes permet une lecture à trois niveaux. D'abord bien sûr la dimension pacifiste d'un militaire qui prend conscience de l'inanité de son action, la dimension écologique d'un homme qui se souvient de ce que lui disait son père sur la nocivité des pesticides et le respect des cycles de la nature et une dimension personnelle, intime quand il renoue avec son passé, qu'il se confronte à l'image de ce père qu'il avait rejeté, dans un suprême effort de réconciliation posthume qui l'aidera à faire la paix avec lui-même, quel qu'en soit le prix à payer.
Véritable dimension cathartique  qui remet en cause la psyché de Jacques Fortier et renvoie sans doute aussi aux remords qu'éprouvent l'enfant prodigue des Fruits de l'hiver.

      

Notes et références
[1] Ce titre provient d'une citation de Balzac : « La gloire est le soleil des morts. »
[2] A ce propos, il écrira : « Ce Soleil des Morts m'a poursuivi des années avant que je ne me décide à l'écrire » ainsi que « Je hais la guerre, déteste les armes, mais l'histoire de ce vieux soldat m'a hanté jusqu'à ce que je me décide à la raconter. »
 

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vendredi 17 février 2023

Bernard Clavel Synthèse, Catégorie III

Articles consacrés à Bernard Clavel (après 2015)  

       

Titre des ouvrages
Titre des ouvrages
Titre des ouvrages
Légendes du Léman
Légendes des lacs...
Histoires de chiens --------------------------
----------------------
---------------------
Carcajou Courbatière
BC & Naidra Ayadi
--------------------------
Conf. Courmangoux
Clavel Témoignages  
-----------------------
BC Lyon & le Rhône
Itinéraire de Clavel
Roman populaire
BC à La Courbatière
Clavel Panorama
Clavel à Capian
Clavel Schéma
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Clavel, Résonance
Clavel Plan





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jeudi 18 août 2022

Bernard Clavel et Naidra Ayadi

 De Clavel à Naidra Ayadi : la descente aux enfers d’un père

« Ce père ressemble à beaucoup d’hommes que j’ai connus. » Roschdy Zem

Référence : Naidra Ayadi, Ma fille, 2018, réalisation et scénario Naidra Ayadi et Bernard Clavel, photographie Guillaume Schiffman, avec dans les rôles principaux Roschdy Zem (le père), Natacha Krief (la jeune fille) et Darina Al Joundi (la mère)

                        
Bernard Clavel                              Affiche du film    

Bernard Clavel deviendrait-il un classique à revisiter ? Un peu comme on joue Molière dans des versions modernes. C’est en tout cas le pari de Naidra Ayadi la réalisatrice du film Ma fille, dont le scénario s’appuie sur Le voyage du père, le roman de Clavel paru en 1965.

  Roschdy Zem

Pas sûr que Bernard Clavel eût apprécié, lui qui n’avait déjà guère goûté la version ciné de Denys de La Patellière avec Fernandel dans le rôle du père. Grincements des dents du père Clavel choqué par les licences prises par rapport à l’histoire initiale, en particulier le retour du père dans son Jura natal, voûté, seul, déboussolé, qui n’avait certes aucune envie dans le train du retour de discuter avec quiconque.

                
 
Le voyage du père : Le roman de Clavel et le film de 1966

Cette fois, le lien est encore plus distendu puisqu’il s’agit d’une famille d’immigrés algériens qui a fui la guerre civile dans les années 1990 avec leur petite fille Leïla âgée d’un an. Ils s’installent à Paris, le temps que Hakim trouve du travail dans une scierie jurassienne où il est devenu contremaître. Leïla a grandi et depuis peu, elle est repartie à Paris pour devenir coiffeuse.

           
                                                           Naidra Ayadi et Roshdy Zem

Mais elle ne donne presque plus de nouvelles, quelques mots pour rassurer la famille et vient d’annoncer à sa petite sœur Nedjma que, prise par son travail, elle ne pourra les rejoindre pour les fêtes de fin d’année. Colère de Latifa la mère qui n’admet pas l’absence de sa fille. Hakim est sommé d’aller la récupérer et Nedjma obtient finalement de l’accompagner.

Mais surprise : Leïla est introuvable, injoignable. Personne chez elle, inconnue au salon de coiffure où elle prétendait travailler. Angoisse du père qui s’obstine à ne pas vouloir comprendre. Peu à peu, il entrevoit une vérité inacceptable qu'il ne pourra jamais avouer à personne.

                
"Ma fille" au festival d’Angoulême 
Naidra Ayadi et le producteur Maxime Delaunay


L’opposition entre l'univers rural qu'aimait Clavel et l'univers urbain qu'il avait tendance à fuir, s’est bien atténuée depuis les années 60. Mais dans un autre domaine, alors que Clavel traitait le sujet avec beaucoup de pudeur, le film nous entraîne dans le monde souvent sordide des nuits parisiennes dans des scènes parfois fort osées qui n'apportent pas grand chose à l'ensemble. On y côtoie des petits voyous sans grande envergure, une généreuse prostituée dans des bars louches et des clubs échangistes.

Au-delà de ce que cette histoire révèle de ses faiblesses, l’essentiel réside dans  ce père déconcerté par l’effritement des valeurs auxquelles il tenait. Par amour pour ses filles, il parviendra à surmonter ces épreuves pour ne pas s’éloigner d’elles définitivement.

Fait social, c'est aussi conflit de générations dans une société qui évolue trop vite pour les parents et où la jeunesse ne trouve pas forcément sa place. On retrouve ainsi avec quelques variantes, le fil conducteur de Clavel sur les évolutions de la société et le choc des générations.

        
Naidra Ayadi, Roshdy Zem, Natacha Krief   Avec Thierry Ardisson [1]

Notes et références :
[1] C’est Thierry Ardisson qui le premier a eu envie de réadapter le roman de Clavel au cinéma, touché par cette histoire qui lui rappelait son père.

Voir aussi :
Document utilisé pour la rédaction de l’article Hommage à Bernard Clavel - Du côté de Guérande - La Courbatière -
Document utilisé pour la rédaction de l’article Clavel, Terres de mémoire -- Le lac de Bonlieu --
Le carcajou --
Document utilisé pour la rédaction de l’article Clavel, Résonance --
Les feux de Courmangoux -- Capian -- ---------------------------------------------------------------------------------------------------------
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 Bernard Clavel-Naidra Ayadi  © CJB  °°° 05/08/2022  >>
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