samedi 15 mars 2014

Les Colonnes du ciel

Les colonnes du ciel est le titre d'une série romanesque de cinq volumes que l'écrivain Bernard Clavel écrit de 1976 à 1981, qui se passent essentiellement en Franche-Comté pendant la guerre de Dix Ans qui s'est déroulée sous le règne de Louis XIII

      Les colonnes du ciel : La saison des loups      Image de "La saison des loups"

Cette épopée comprend les ouvrages suivants :
  • Volume I : La saison des loups (1976), Chalon-Chalon
    07/74-Villeneuve-sur-Yonne 09/75
  • Volume II : La lumière du lac (1977), Reverolle 12/75-Villeneuve 12/76
  • Volume III : La femme de guerre (1978), Bellefontaine, été-automne 1977
  • Volume IV : Marie bon pain (1980)
    Pria da Luz 06/79-Villers-le-lac 02/80
  • Volume V : Compagnons du nouveau monde (1981)
    Villers-le-lac, 08/1980-06/81
LES COLONNES DU CIEL - Bernard CLAVEL  LES COLONNES DU CIEL   LES COLONNES DU CIEL  LES COLONNES DU CIEL 

Introduction

La version BD
L'histoire a lieu en Franche-Comté en 1639 siècle, pendant ce qu'on a appelé la guerre de dix ans, volet de la Guerre de trente qui a ensanglanté l'Europe entre 1618 et 1648. C'est Richelieu qui poussa Louis XIII a engager cette guerre de conquête, guerre terrible qui engendra de grands massacres. Les français et les gens du Bugey (les Gris), augmentés de mercenaires se heurtèrent aux troupes de la Franche-Comté (alors possession espagnole) et de troupes auxiliaires dont la plus importante fut celle de Pierre Prost dit Lacuzon. La Comté, bien que province espagnole, était alors satisfaite de la grande autonomie qu'elle avait acquise.

Cette saga bâtie sur des personnages fictifs, repose avant tout sur le roman historique, conçue de l'aveu même de l'auteur comme « une aventure humaine » mais aussi comme une dénonciation de la guerre et de ses atrocités, thème cher à Bernard Clavel qui le traitera dans une majorité de ses romans.

Il y eut le temps de la guerre et de la peste, la saison des loups, puis le temps de la paix avec l'exil vers le lac Léman et La lumière du lac, puis de nouveau le temps de la guerre et de la vengeance après la mort du docteur Alexandre Blondel, vengeance de Barberat et d'Hotense qui devient la femme de guerre. Enfin, la paix revenue, c'est le retour au pays près de Dole, la reconstruction du village par les survivants dont Marie bon pain et Bisontin-la-Vertu. Mais Bisontin va repartir vers le Nouveau-monde à la poursuite de ses chimères.  

Présentation et contenu 

1- La saison des loups
Au XVIIe siècle, c'est La saison des loups, la guerre ravage la Franche-Comté qui, malgré sa large autonomie, appartient alors à la couronne d'Espagne. Les armées du royaume de France, de Louis XIII et de Richelieu,  mènent une guerre terrible dont souffrent les populations : villages incendiés, hommes torturés, assassinés ou décimés par la peste, tel est le bilan de cette conquête.

L'hiver 1639 est terrible et les gens préfèrent faire face aux loups qu'aux troupes françaises.  Mais les habitants continuent à espérer, des paysans, des nobles ou des compagnons artisans. Tout commence dans l'hiver 1639, du côté de Salins-les-Bains où le charretier Mathieu Guyon, accompagné d'un jésuite le père Boissy,  est contraint par les autorités d'enterrer les victimes de la peste, isolés dans un village voisin, aux loges de la Beline. [1]

2- La lumière du lac
Ils ont quitté leur village de La Vieille-Loye fuyant la guerre et la peste mais ils ont dû affronter bien d'autre dangers dans des conditions si difficiles : le froid, la neige, la faim, parfois même les loups ou les soldats. Au fond de leur cœur se cache pourtant l'espoir d'avoir une vie meilleure en passant la frontière et en arrivant dans le Pays de Vaud pour y trouver La lumière du lac.

Leur chance : Bisontin-la-Vertu, compagnon charpentier, un guide si compétent, si chaleureux. Il est bien aidé par Pierre le charretier et sa soeur Marie qui vient de perdre son mari Joannès ainsi que par Pierre d'Eternoz, l'échevin de Chapois. Mais, quand ils arrivent aux portes de Morges sur les bords du lac Léman, ils ne sont pas les bienvenus : on les parque dans un village isolé où ils tenteront malgré tout de recommencer une nouvelle existence.

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Dole - La forêt de Chaux - La Vieille Loye                 Le Haut-Jura en hiver

3- Le femme de guerre 

« La nuit descend / On y pressent /  Un long, un long destin de sang. » (Guillaume Apollinaire)

Dans le troisième volume, La femme de guerre, Hortense d'Eternoz est follement amoureuse du docteur Alexandre Blondel que tout le monde appellent affectueusement "le fou merveilleux", le genre de figure d'un homme que Clavel a bien connu en fréquentant l'association Terre des hommes. Ils se sont dévoués pour les enfants, victimes innocentes de la guerre, ils en ont sauvé tant qu'ils ont pu mais, au terme de leur voyage, le docteur va mourir et Hortense ne peut le supporter.

Elle décide de repartir dans son pays et de le venger en luttant de toutes ses forces contre l'envahisseur français. Désormais, elle sera la femme de guerre. Avec la petite armée qu'elle a levée, elle se jette avec toute sa hargne dans cette guerre.

4- Marie bon pain

«  A l'intérieur, elle est devenue source. » (Reiner Maria Rilke)

La terrible guerre qui a ravagé la Franche-Comté depuis une dizaine d'années, se termine en 1644. Toute la petite communauté, Marie bon pain, Pierre, Bisontin et les autres peuvent enfin regagner leur pays, s'installer de nouveau à La Vieille-Loye dans la forêt de Chaux près de la ville de Dole.

Ils retrouvent avec quel soulagement ces grands arbres avec leur fût rectiligne qu'ils appellent les "colonnes du ciel". Ils ont retroussé leurs manches et relevé les ruines du village, construisant de nouvelles maisons, réapprenant à vivre dans la paix retrouvé. Mais un jour, Hortense d'Eternoz, "la femme de guerre" revient parce qu'elle est accusée de sorcellerie et qu'on veut la traduire devant un tribunal pour l'envoyer au bûcher...

A Dole où se déroule le procès, Bisontin retrouve Dolois-coeur-en-joie, et ressent de nouveau le goût de l'aventure, plongeant Marie dans le désespoir.

           

5- Compagnons du nouveau monde

« En certains lieux, à de certaines heures, regarder la mer est un poison. C'est comme, quelquefois, regarder une femme. » "Les travailleurs de la mer". Victor Hugo

Le dernier de cette série nous entraîne dans ce "royaume du nord" avec les Compagnons du nouveau monde, qui deviendra dans les années quatre-vingt la nouvelle série romanesque de Bernard Clavel. Bisontin-la-vertu est partagé entre un nouveau départ et le cœur de Marie. Mais finalement, il choisira de repartir et rejoindra Saint-Malo pour gagner le Nouveau Monde.

Les colonnes du ciel : Les Compagnons du Nouveau Monde
Image du téléfilm : Bisontin & Séverine

Choix fondamental pour l'auteur qui a été longtemps lui-même écartelé entre son désir de liberté et d'espace et ses liens avec son terroir franc-comtois. Le cœur gros, il s'embarque cependant pour le Nouveau Monde avec Dolois-Coeur-en-Joie, l'ami compagnon, et Séverine, la petite Malouine, dont il est épris. Nouveau monde, nouvel amour, nouvelle vie.

A Québec, la vie est difficile et ils n'ont pas choisi une vie confortable, rencontrant de nouvelles difficultés, la rudesse du climat, les Iroquois, les jésuites qui veulent tout régenter, le destin de tous les pionniers qui se lancent à l'aventure...

         LES COLONNES DU CIEL     

A propos de Les Colonnes du ciel
Bernard Clavel précise que c'est lors d'une visite à Salins-les-Bains dans le Jura, pour un reportage, qu'il a découvert, à travers des documents sur l'histoire de la ville, la terrible réalité de cette guerre oubliée. Il dit avoir retrouvé « dans ce XVIIè siècle les mêmes souffrances que j'avais rencontrées dans les Maladières d'une Inde médiévale. C'est dire que je n'ai ps inventé grand chose. »

Transposition quand il écrit dans la présentation du tome II : « Je m'étais déjà senti appelé par des gens de rencontre mais jamais comme je l'ai été par ce grand gaillard au rire d'oiseau. » Il n'en dit pas plus mais fait sûrement référence à l'une de ces figures comme ce docteur Blondel qui rappelle le responsable de Terre des hommes. Pas d'amalgame cependant car « les héros de roman appartiennent davantage aux rêves des romanciers qu'à la réalité dont ils sont inspirés. »

Cependant, rien n'est vraiment simple puisqu'il précise dans le tome III, dans cette atmosphère de violence qui marque le destin d'Hortense -la femme de guerre- qui veut venger la mort du cher docteur, « le roman pour moi rejoignait la vie; l'imaginaire devenait réalité. » Difficulté d'écrire, l'écriture ici a été « une grande douleur, » il nous confie que tout au long de sa conception, il
« a surtout souffert d'être plus souvent pareil aux hommes tels que les modèle l'histoire, que conforme à l'idéal dont j'ai toujours rêvé. »

Bisontin-la-vertu n'était sans doute pas si vertueux puisqu'il va quitter Marie pour l'aventure et l'amour de Séverine. Et faire pleurer Marie. Après tant de misères, elle va regarder « les ombres de la forêt effacer la longue silhouette de celui à qui elle a tant donné. » Il précise de nouveau dans ce tome IV tout à la gloire de Marie : « Je n'ai rien inventé et j'ai tout inventé. » Est-ce une clé, ces questions qu'il formule ensuite, « qui donc se retrouverait sous les traits douloureux de Marie », et, plus transparente, « de quel homme son compagnon est-il le reflet ? » Bien sûr, il ne répond pas à ces questions, renvoyant le lecteur à la réalité d'une création faite « autant de douleur que de mots. » Mais on peut aussi y voir un aveu déguisé, transposition sublimée dans la fiction, d'un homme écartelé entre son devoir et cet instinct qui le pousse vers d'autres horizons.

Bisontin-la-Vertu, écrit-il dans le dernier tome, « rêvait de charpentes élégantes et solides, et portait en lui une soif de routes et d'aventures . » Il n'avait pas pensé qu'il ajouterait ce tome V d'un Bisontin à son image, (Michel Ragon pense que c'est son personnage qui lui ressemble le plus) infidèle à sa femme et à sa géographie personnelle, comme lui-même était parti au Québec avec sa nouvelle épouse peu après son divorce, poussant jusqu'aux étendues glacées de l'Abitibi. C'est ce sentiment de culpabilité qu'il exprime une nouvelle fois de façon elliptique (comme dans Les fruits de l'hiver) en écrivant qu'il n'y a pas « plus de miracle dans les romans que dans notre quotidien. »

        
 Bernard Clavel au Saut du Doubs dans le Jura, à la frontière suisse


Notes et références
[1] Pour une analyse contextuelle, voir : Boichat, Bernard Clavel, un homme, une œuvre

En complément

  • Le roman "La saison des loups" est  dédié à son ami Rober Boyer
  • La femme de guerre : « La nuit descend / On y pressent / Un long, un long destin de sang. » (citation de Guillaume Apollinaire)
  • Marie bon pain : « À l'intérieur, elle est devenue source. » (citation de Rainer Maria Rilke), le roman est dédié à son ami le romancier Gilbert Cesbron
  • Compagnons du nouveau monde : « En certains lieux, à de certaines heures, regarder la mer est un poison. C'est comme quelquefois, regarder une femme. » (citation de Victor Hugo tirée de "Les travailleurs de la mer")
Références bibliographiques
  • La saison des loups : Éditions Pocket, 11/2003, 298 pages, ISBN 2266126555
  • La lumière du lac : Éditions Pocket, 11/2003, 346 pages, ISBN 2266131184
  • La femme de guerre : Éditions Pocket, 11/2003, 270 pages, ISBN 2266136682
  • Marie bon pain : Éditions Pocket, 12/2003, 292 pages, ISBN 2266136690
  • Compagnons du nouveau monde : Éditions Pocket, 12/2003, 306 pages, ISBN 2266136704
  • Ensemble des 5 tomes : éditions Omnibus, 1080 pages, 18/10/2004, ISBN 9782258063945
Voir aussi
  • Autres suites romanesques de Clavel : La Grande Patience et Le Royaume du Nord
  • Autres fichiers : Clavel, Récits et essais et Le pays dolois   
  • << Christian Broussas, Feyzin, Colonnes ciel, 5/08/2012 © • cjb • © >> 
                        << maj 15/03/2014 © • cjb • © >>                     



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