Les contes de Bernard Clavel sont pleins d’animaux plus malins
les uns que les autres et qui se jouent de la bêtise et de la cupidité
des hommes. Les animaux sauvages sont souvent chassés, exterminés comme
la louve de Noirmont et toute sa famille ou les enfants de l’ourse qui,
elle en plus, sait pardonner. Les animaux domestiques sont quant à eux
utilisés tels des bêtes de somme, des bêtes sacrifiées, manipulées comme
Kouglof le chien de guerre ou Clifden le chien de combat, Wang le
chat-tigre que son maître fait grossir et maigrir à sa volonté ou Akita
qui meurt de chagrin, rejetée par ses maîtres. Quelques-uns sont assez
pitoyables comme le hibou qui prit la lune pour un poisson-lune, cette
oie prétentieuse qui avait perdu le nord ou cette cane qui paiera de sa
vie sa gloutonnerie.
Heureusement, quand ils peuvent, les enfants viennent à l’aide
des animaux comme Céline avec le chien des Laurentides. Ils désobéissent
très souvent à leurs parents comme Odile et le vent du large qui dérive
vers une île déserte ou La maison du canard bleu où Christine et Roger
partent s’amuser vers le barrage interdit.
Beaucoup sont particulièrement malins, plus que les hommes
aveuglés par leur bêtise et qu’ils parviennent à berner. Que diable a
donc en tête ce mouton noir si farceur, pourquoi Antoine le cochon
danse-t-il un rock endiablé dans son enclos, que cherche le loup bavard
en se déguisant en mouton ? Eux aussi savent tirer les ficelles, jouer
parfois les hommes les uns contre les autres, même s’ils n’ont pas de
fusils.
Donnons la parole à Bernard Clavel qui s'explique ainsi sur ses motivations :
« Lorsque j’écris pour les enfants, c’est avant tout comme toujours,
pour le bonheur de raconter. De raconter à l’enfant que j’ai été et que
sans doute que je suis demeuré. La vie m’apporte toutes sortes de
sujets. Il arrive que j’hésite. Je me demande si telle histoire est
destinée au roman, à la nouvelle ou au cinéma. Les sujets des contes
pour enfants sont généralement plus nets. Ils s’imposent. Ils ne
pourraient rien donner d’autre que ces pages destinées à faire rêver les
êtres dont l’âme pure peut encore s’ouvrir à tout.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : écrire pour les enfants, c’est
s’adresser au plus difficile des publics. Celui qui ne pardonne rien.
Celui que rien ne gêne pour vous dire qu’il n’a pas cru du tout à votre
histoire. Aussi quelle joie quand le conte parvient à passer, lorsque le
petit lecteur se met à rire ou à pleurer. »
- L’arbre qui chante : le luthier Vincendon fait chanter le grand cèdre mort en le transformant en violon. (La farandole, 1967)
- La maison du canard bleu : Christine et Roger désobéissent,
vont s’amuser vers le barrage et Roger tombe à l’eau sauvé par Nicolas
le grand chien fauve. (Casterman, 1972)
- Odile et le vent du large : Odile désobéit et se trouve poussé
par le vent vers une île déserte. Mais le vent la ramènera à ses parents
sur un grand escargot de mer. (GP rouge et or, 1981)
- Le chien des Laurentides : Pendant ses vacances, la petite
Céline découvre un chien tout mouillé dans sa grange et devient son ami.
Mais elle habite en appartement et ses parents ne veulent pas garder le
chien. Mais avec l’aide de Cécile, tout s’arrangera. (Casterman, 1979)
- Le roi des poissons (Albin Michel jeunesse, 1984)
Jérôme le poisson rouge connut bien des malheurs dans ses pérégrinations
entre bassins et seaux, rivière et océan. Mais il rencontra Camille la
perche-soleil, qui est nommée reine grâce à sa couleur arc-en-ciel et
Jérôme son mari devint ainsi le roi des poissons.
- Rouge pomme (L’Ecole, 1982)
Vingt courts poèmes centrés sur des quartiers parisiens, le Québec…
comme cet exemple concernant les Buttes-Chaumont : « Au jardin des
buttes-Chaumont / Méfiez-vous des illusions / Que donne la télévision. /
Soyez moins folles qu’alouettes / Blondes fillettes. » et Pomme rouge :
« Étais-tu parmi les plus folles /
- Akita (Pocket jeunesse, 1997)
Akita, chien de race japonaise, était un gardien hors pair,
l’électricien s’en souvient encore. Ayant désobéi, il fut capturé,
réussit à se libérer et à revenir chez lui. Mais ses maîtres crurent à
une fugue, le rejetèrent et il mourut de chagrin.
- La chienne Tempête (Pocket jeunesse, 1998)
Tempête porte bien son nom puisque par deux fois, dans le bateau où elle
s’est réfugiée, elle a ‘senti’ la tempête arriver et a averti
l’équipage. De plus, elle n’est pas rancunière et a secouru celui qui
lui voulait du mal.
- Kouglof, chien de guerre (Albin Michel, 2000)
On l’appelait ainsi pour une vieille histoire d’un gâteau alsacien que
fit sa maîtresse et qui l’avait fait craquer. Mais la guerre sévit
bientôt et le 25 juillet 1870, investirent le village et enlevèrent
Kouglof pour en faire un ‘chien de guerre’ pour garder des prisonniers.
Mais ‘le grand chien roux’ retrouva au camp son maître Thomas Ungerer
qu’il aida à s’évader avec son amie, une belle chienne noire qui lui
donnera un peu plus tard quatre beaux chiots quand ils réussissent à
regagner leur ferme. [Capian 1/6/98]
- Wang, chat-tigre (Pocket jeunesse, 1998)
Son maître donna à Wang tant de fortifiant que de chat il devint tigre.
Comme il cassait tout, il lui donna alors un produit amaigrissant et il
se retrouva encore plus gringalet qu’auparavant. L’orgueil du maître fut
ainsi puni.
- Les enfants de l’ourse (Histoires de la vie sauvage, Albin
Michel, 2002)
Dans le nord du Canada (comme ailleurs) les enfants des ours comme ceux
des hommes désobéissent. Et là, ce fut tragique : dans la taïga, Harold
tua Bern le bel ours blanc et blessa compagne Tania. A son tour, elle
tua Harold mais sa vengeance s’arrêta là et les enfants du chasseur
furent épargnés. [Capian 9/98]
- Le chien de comba (Albin Michel, 2000)
Clifden, croisement d’un Labrador et d’un bullmastiff, vivait en Irlande
près de Galway et du lac Lough Corrib. Il finit par tomber sous la
férule du terrible William le rouge qui voulut en faire un chien de
combat qui livre à ses congénères des combats meurtriers. Cliften
parvint quand même à recouvrer sa liberté, sauvant même William de la
noyage. Et finalement, ils devinrent amis. [Reverolle-Capian 9/10/98 –
Vufflens le château 9/99]
- La louve de Noirmont (Pocket jeunesse, 2000)
Chez les loups aussi le coup de foudre existe, ce qui fut le cas entre
Fulga et Gerg. Mais son amoureux Brucos ne l’entendait pas de cette
oreille et ils se battirent. Fulga lécha les plaies de son champion,
vainqueur mais blessé. Ils s’installèrent dans une anfractuosité de
rochers dans une forêt giboyeuse où naquirent trois petits. S’enfonçant
de plus en plus dans la montagne pour échapper à la vindicte des hommes,
ils arrivèrent dans la forêt de Noirmont dans le Haut-Doubs. Un feston
de moutons leur coûta cher, seuls Fulga et Robe s’en tirèrent. Pas pour
longtemps car les chasseurs, malgré la perte d’un des leurs, eurent
raison des deux derniers survivants. [Capian 5/96 Reverolle 6/96]
- Le commencement du monde (Albin Michel jeunesse, 1999)
La couleuvre serait donc le premier animal qui apparut sur la terre,
elle qui apprit d’abord la patience paraît-il. Puis le soleil et la lune
créèrent chacun un homme qui n’eurent de cesse que de se battre,
écœurant tous les animaux.
- Le voyage de la boule de neige (Robert Laffont, 1975
Ah, les adultes, comment pourraient-ils s’imaginer que la jeune Cécile
puisse monter jusqu’au sommet de la montagne pour créer une énorme boule
de neige et la faire rouler et rouler encore sur le flanc de la
montagne avec l’aide de son ami l’ours. Mais allez raconter ça aux
grandes personnes qui vous traiteraient illico de grosse menteuse !
- Le hibou qui avait avalé la lune (Clancier Glénaud, 1981)
Il fallait absolument clouer le bec de ce fat de Victor, hibou grincheux
et d’un orgueil sans frein. Aussi Minerve la petite chouette mutine,
lui fit-elle miroiter la capture du fameux poisson-lune. Mais il n’avala
que le reflet de la lune dans l’étang. Il rentra chez lui penaud avec
ses deux grands yeux brillant comme des éclats de lune.
- Le mouton noir et le loup blanc (Flammarion, 1984°
Départ pour l’abattoir d’Isidore le mouton noir. C’est un malin qui
réussit à s’évader à l’occasion d’un arrêt du camion. Dans sa fuite
éperdue, il fait une rencontre fort inattendue : un très vieux loup
blanc édenté qui ne pouvait même plus le dévorer. Tous des deux vont
ruminer une vengeance pour faire tourner les hommes en bourrique : faire
alterner leurs empreintes de sabots et de pattes, les mélanger pour que
personne ne s’y retrouve jusqu’à ce que les hommes capitulent et
reconnaissent à tous les moutons d’être libres et de couler des jours
paisibles dans leur village.
- L’oie qui avait perdu le nord (Flammarion, 1985)
Sidonie, jeune oie têtue et pipelette, a négligé de se préparer à sa
première migration et se retrouve dans un zoo. Là, cette écervelée tenta
de jouer au chef mais ne réunit que quelques volatiles et passereaux
qui s’égaillèrent dès la première tentative de vol en groupe. Elle finit
quand même par rejoindre ses congénères qui volaient de nouveau vers le
nord en rêvant à des grands voyages migratoires. [Morges 8/82 10/84]
- Au cochon qui danse (Flammarion, 1986)
Antoine, jeune porcelet bressan, est ambitieux, voulant devenir aussi
gros et célèbre que celui de Chalamont. Mais quand il apprend que plus
vite un cochon grossit, plus vite il va à l’abattoir, il décide de se
mettre au régime et réclame au fermier tout un arsenal de matériels pour
maigrir, faire du sport… A force de danser pour maigrir, Antoine
réussit à sauter assez haut pour s’enfuir, avec l’aide de son ami le
chien. Puis il devint célèbre en faisant pirouettes et arabesques au
restaurant ‘Au cochon qui danse’. [Morges 1983]
- Félicien le fantôme (Jean-Pierre Delarge, 1980)
Dans sa vie terrestre, Félicien à vingt ans s’arrêta de vieillir,
suscitant maintes jalousies au village. Il enterra ainsi toute sa
génération, devint si solitaire dans son village qu’il en devint
transparent. C’est ainsi qu’il devint fantôme. Un jour, des citadins
investirent sa maison et, désemparé, il résolut de leur jouer des tours à
sa façon. Les parents furent par exemple effrayés de cette lourde
enclume vagabonde et finalement Félicien noua avec leur fils Jean-Paul
une amitié indéfectible. [Montréal St Télesphore 3/78 2/79]
- A Kénogami (La Farandole, 1989)
Titre du premier poème d’un petit poème qui en compte 17 parmi lesquels :
. « La lune blonde / La lune ronde / Qui sourit / A la nuit »,
. « Neige grise / Sur les champs / Où s’enlise le printemps »
. « Josette a fait la cuisine et Josette a un grand jardin / Mais n’y connaît rien »
. « Janvier est né / La bonne année / Il est minuit / L’année s’enfuit » (Ronde des mois)
. Et aussi l’écureuil, Tosca la chatte, le lièvre malin, la belette, les araignées…
- Le grand voyage de Quick Beaver (Nathan, 1988)
Quick Beaver, castor fils prodigue et fieffé curieux, part dans le grand
nord avec son ami Archibald, souvent rejetés en cours de route par
leurs congénères sédentaires. C’est la grande aventure qui commence et
va les mener vers la région des grands barrages où l’homme blanc
détruisait la montagne, tuait les poissons et défigurait le paysage.
Alors avec Angélina, ses deux fils et Archibald, Quick Beaver revint au
village, heureux d’être de nouveau chez lui. Archibald aussi mais il
savait bien qu’un jour ou l’autre il repartirait vers d’autres
aventures. [Doon House 86-88]
- Les larmes de la forêt (Hesse, 1997)
Dans le Royaume du Nord, loups et renards comme les hommes, se faisaient
une guerre sans merci depuis toujours. C’était comme un rituel, un
héritage que les chefs se transmettaient. Un jour un énorme ours blanc
décréta la paix et mit fin au carnage. Jusqu’à ce que l’homme arrive.
- Le loup bavard (Hesse, 1998)
Où le jeune Gabriel et ses chiens, tous déguisés en moutons, piègent le
loup qui devint le dindon de la farce et la risée du village. Il se
sortit de ce mauvais pas en racontant cette histoire à sa manière où
l’on devait aussi se vêtir de peaux de moutons. Quand le loup se couvrit
lui-même d’un de ces peaux, ce fut la confusion générale. On ne savait
plus qui était qui. Et le loup en profita pour s’échapper.
- La cane (Le Seuil, 1992)
La gourmandise est un vilain défaut dit-on et la cane allait en payer le
prix fort. Sa gourmandise l’entraîna en effet dans l’étroit bassin qui
contenait d’appétissants vers et des larves. En oubliant que la fermière
venait de lui rogner les ailes. Malgré de nombreuses tentatives, plus
moyen de quitter ce maudit bassin. Personne ne s’inquiéta d’elle ni ne
vint jusqu’au bassin. Alors elle comprit que c’était la fin.
Clavel à Capian en 1996
- Les portraits de Guillaume (Nathan, 1991)
Guillaume, pas très doué en général, avait un don extraordinaire qui
l’étonnait lui-même : il dessinait tellement bien, ses portraits étaient
si parlants qu’ils se mettaient à parler. Son instituteur en fit les
frais… et jusqu’à son ministre. Mais Guillaume s’en lassa rapidement,
préférant muser parmi les arbres, les oiseaux et les fleurs sauvages.
- Le château de papier (Albin Michel jeunesse, 2001)
Chez Yves, tout était enseveli sous les livres, son père en étant un
amateur boulimique. Lui-même rêvait d’édifier un château dans l’étroite
cour où il jouait et pour cela, il prit les matériaux qu’il avait sous
la main, les livres de son père. Il adorait son beau château de papier
mais chaque fois que son père cherchait un mot, il le prenait dans le
château, si bien qu’il fut vite tout mité. Mais une extraordinaire
surprise l’attendait : un couple de souris ayant grignoté un gros volume
de poésies, se mit à réciter tout de go devant l’enfant et son père au
comble de la joie le contenu du volume, car « chaque mot était rempli de
rêve et de savoir. Chaque mot contenait un trésor. »
- Béquillou (Lyon, Rotary club, 1988)
On l’appelait Béquillou parce qu’handicapé par une polio, il se
déplaçait avec des béquilles. Il aurait pu être envieux ou triste, mais
non, il paraissait toujours heureux de son sort. Des années s’écoulèrent
et un jour son ami d’enfance, très ému, revit Béquillou. Il exerçait le
métier de cordonnier, paradoxe pour qui marchait si difficilement, et
il était toujours heureux ; oui vraiment une heureuse nature. [Lyon
31/01/88]
- * Le tout petit flocon (1987)
C’était vraiment un tout petit flocon malmené par les autres. Son ami le
vent l’aidait et le propulsa loin dans le ciel sur un gros nuage tout
blanc qui l’hébergea. IL vit d’en haut toutes les saisons défiler mais
l’hiver revenu, il redescendit trop tôt et il fut promptement happé par
une minuscule vaguelette.
- * La visite du père Noël (1989)
La petite chatte noire qui voyait poindre la lune au-dessus de la cime
du grand sapin, harcelait sa mère : « Maman, je voudrais la lune. » La
mère eut beau argumenter, pas moyen de la ramener à la raison. Mais,
merveilleuse surprise, survint le père Noël qui alla décrocher la lune
et en fit cadeau à la petite chatte. Son souhait était exaucé. Mais
dehors, l’étoile s’était éteinte ; Noël était fini. [Doon house 01/89]
- * L’évadé du muséum (1998)
Victor était un rat savant se jouant des mille obstacles qu’avait placé
sur son parcours le professeur Philippus pour aller chercher sa
nourriture. A ce jeu, il devint célèbre mais se sentit bientôt
prisonnier, exploité et résolut de s’évader, ce qu’il fit promptement.
Victor fut vite élu roi des rats et organisa une grande révolte des rats
contre les hommes. Il négocia si bien qu’il obtint des droits pour les
rats et pour lui-même, à condition de reprendre ses activités au muséum,
des droits sociaux et… la remise de la légion d’honneur. [La
Briande-Reverolle 09/98]
<<<<< Christian Broussas, Carnon-Mauguio, Octobre 2013 © • cjb • © >>>>>
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