Les tilleuls de Frontenay
Il n’était pas « l’homme qui marchait dans sa tête »
Lui qui a sillonné ses « terres de mémoire »
Dans tous les sens, jouant les « hercules de foire »
Dans sa jeunesse, avait oublié la fête.
Lui « écrivait dans sa tête » comme il disait,
Des images qui naissaient et qui lui venaient
Quand, perdu dans la solitude, il écrivait
Toujours concentré, quand le silence régnait ;
Mais depuis lors, tous les mots se prenaient au piège,
S’effaçaient à jamais comme « un écrit sur la neige »
Il a su peindre ce tragique de la vie
Qui très souvent accompagne ses personnages
Dans le modelé précis qui ponctue ses pages
Ciselées avec une patience infinie,
Qui disaient la suprématie de l’amitié
Sur les vils calculs et les ravages du fric,
Qui disaient la victoire de la volonté
Sur le destin et son implacable logique.
Après Les Grands Malheurs, son testament littéraire,
Il vécut alors « son grand malheur » sur cette terre
Lui, l’artisan qui sentait les mots sur le papier,
Qui portait si haut la grandeur de son métier,
Lui, le grand costaud, cette force de la nature
Vaincue finalement par l’impitoyable usure.
Il aurait bien sûr préféré finir en beauté,
Être encore et toujours celui qu’il avait été,
Luttant avec ses héros contre les éléments
Rejoignant l’humaine nature au « cœur des vivants »,
Lui qui dort si près des grands tilleuls de Frontenay
Coiffant le cimetière de leur haute futaie.
Les tilleuls de Frontenay où est enterré Clavel
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<<<< Christian Broussas, Feyzin, Novembre 2013 © • cjb • © >>>>
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