Arbres est
un récit de l’écrivain Bernard Clavel agrémenté de 56 photographies de
Jean-Marie Curien autour du thème de la forêt, des arbres et du bois.
Référence : ''ARBRES'' de Bernard Clavel - Photographies de Jean-Marie Currien – Sud-Est éditions, 1958, éditions Berger-Levrault, mars 1982 – isbn 2-701-0473-3 - 123 pages
Référence : ''ARBRES'' de Bernard Clavel - Photographies de Jean-Marie Currien – Sud-Est éditions, 1958, éditions Berger-Levrault, mars 1982 – isbn 2-701-0473-3 - 123 pages
1- Présentation
Ce livre est dédié
« à mon ami Gilles Vigneault, arbre des neiges qui chante
avec le vent de son pays ».
Bernard Clavel a toujours eu un rapport quasiment charnel avec
cette matière vivante et odorante aux multiples essences que représente le
bois. Déjà sur ce thème, il avait déjà écrit l’histoire du luthier Vincendon,
ami de son père, et un album intitulé ''Célébration du bois''. Les
grandes forêts du Jura y étaient largement présentes dans le cycle romanesque Les
Colonnes du ciel, les arbres qu’on retrouve aussi dans l’un de ses derniers
albums intitulé ''L’hiver''. [1]
Ce
livre qu’il date du 17 mars 1980, Bernard Clavel l’écrit alors qu’il est
installé dans un pays de forêts, le Haut-Doubs, dans le village de Villers-le-lac situé à la frontière
suisse : « J’ai ce
soir, écrit-il, sous les yeux la forêt de la haute vallée du Doubs ».
2- De
Marcel Aymé à Gilles Vigneault
Bernard
Clavel a placé dans son récit des citations de ses amis qui ont aussi célébrer
à leur façon arbres et forêts.
- Marcel Aymé : « La forêt, c’est encore un peu du paradis perdu. Dieu n’a pas voulu que le premier jardin fût effacé par le premier péché. »
- Marcel Aymé : « La forêt, c’est encore un peu du paradis perdu. Dieu n’a pas voulu que le premier jardin fût effacé par le premier péché. »
- Pierre Gascar : « Les forêts sont la mémoire de la terre. Elles perpétuent l’image des âges
primitifs et reproduisent, aux dimensions du monde, la zone de clair obscur que
comporte notre esprit. »
- Pierre Mac Orlan : « La
forêt garde le souvenir des présences humaines. Le braconnier la connaît comme
un érudit connaît un livre de chevet. »
- Gilles Vigneault : « Je suis comme un arbre en voyage, je m'en vais les racines en l’air. »
3- Bernard
Clavel, l’arbre et le bois
Tout petit, sa mère lui
parlait des mystères de la forêt, de la Vouivre qui hantait les fonds ombreux
cachés sous les hautes futaies. « Ainsi dit-il, me vient la preuve que
l’œuvre d’art domine le réel ». [2] Plus que les arbres des peintres, son ami Delbosco ou le chêne de Courbet,
c’est le chêne étêté du jardin de son père, qu’il aimait, sur lequel il
naviguait pour des voyages au long cours avec son amie Nanette.
Il a toujours été
impressionné par les grandes forêts des régions froides, de la taïga sibérienne
à l’immense forêt du Grand Nord qu’il a fréquentée. Il se souvient des arbres
de Saint-Télesphore défiant le froid vif et le vent glacial, « musiciens
infatigables de mes journées de solitude et de mes nuits de veille. »
C’est dans ces régions aux équilibres fragiles qu’on se rend le mieux compte de
la fragilité de la nature. Témoins, tous ces ormes qui meurent au Canada,
victimes d’un insecte le scolyte. Il admire particulièrement le ginkgo, cet
arbre millénaire qui a résisté à toutes les agressions, se réfugiant en Chine
sur les hauteurs de Cheking.
Le bûcheron est l’homme
qui fréquente le plus la forêt, un curieux ami qui coupe les arbres mais finit
parfois par l’aimer comme ce Cupazin quand, à force d’amour, « le
bûcheron devenait arbre ». Bernard Clavel fut aussi bûcheron « car il
y avait beaucoup d’orgueil à, être bûcheron, et peut-être est-ce pour cela que
j’aimais ce métier ». Dans ses souvenirs se dessinent aussi les énormes saules
des « lônes » de Vernaison,
ces bras morts du Rhône qui forment un fouillis inextricable d’arbustes, de
buissons épineux traversés de lianes d’où émergeaient des arbres plongeant
profondément leurs racines, cherchant la terre dans le gravier des berges.
Mais les belles saulaies
des bords du Rhône ont maintenant disparu, mangées par le béton et les
activités humaines. La forêt et les arbres souffrent aussi de la folie des
hommes, de la guerre, des bombes, des défoliants et du napalm, car constate
Bernard Clavel, « ce n’est point la démence qui recule, c’est la sagesse
qui s’effrite ». Comme son ami Gilles Vigneault qui va « racines en
l’air », il est un déraciné, un nomade qui ne sait s’arrêter nulle part.
Pourtant, où qu’il se trouvât, il a planté des arbres, symboles d’espoir.
Mars 1980. Bernard
Clavel marche ans la forêt de Villers-le-lac dans le Haut-Doubs où
il habite alors dans une maison où l’hiver cède pied à pied aux prémices du
printemps, « je marche dans la forêt, dit-il, à la rencontre des
fantômes qui jaillissent des brumes. Je marche à la recherche de je ne sais
quelles saisons disparues ».
Bibliographie : Les albums de Clavel
- Célébration du bois, Éditions Robert Morel, 1962
- Bonlieu ou le Silence des nymphes, dessins de J.-F. Reymond, Éditions H.-R. Dufour, 1973
- Fleur de sel, les marais salants de Guérande, texte de Bernard Clavel, photos de Paul Morin, Éditions Le Chêne, 1977 et 1985
- Arbres, par Bernard Clavel et Grégoire Curien, Éditions Berger-Levrault, 1981, réédition 1995,
- Terres de mémoire, le Jura, de Bernard Clavel, Georges Renoy, et Jean-Marie Curien, Éditions Jean-Pierre Delarge, 1981
- Les Vendanges, texte de Bernard Clavel, photos de Janine Niepce, Éditions Hoebeke, 09/2000, 104 pages
- L'hiver, éditions Nathan, collection Voyages et nature, 10/2003, 192 pages
*
''Célébration du bois'', Bernard Clavel, éditions Morel, 1962
*
''Rondeur des jours''', Jean Giono
*
''Chronique de la fin d’un monde'', Pierre Mac Orlan
Notes et Références
[1] Il écrit que « le
silence des hivers n’est pas le même dans un pays de forêts que sur les terres
nues ».
[2] Il écrit aussi : « Les arbres qu’elle dessinait pour moi… étaient d’une telle beauté que je n’ai pas le souvenir d’en avoir jamais rencontré de pareils. »
<<<< Christian Broussas Clavel - Arbres - Octobre 2013 © • cjb • © >>>>
[2] Il écrit aussi : « Les arbres qu’elle dessinait pour moi… étaient d’une telle beauté que je n’ai pas le souvenir d’en avoir jamais rencontré de pareils. »
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