jeudi 17 octobre 2013

Célébration du bois

''Célébration du bois'' est un album constitué d’un récit écrit par l’écrivain Bernard Clavel, illustré d’un ensemble de photographies sur le thème du bois et de la forêt.
Il est dédié à son ami Maurice Lelong et à son fils Gérard.

''Célébration du bois'' de Bernard Clavel – éditions Morel, 1962 et œuvres complètes, tome I, pages 1187-1210 – 23 pages  
 
              

1- Présentation  
''Célébration du bois'' est un hymne à la forêt qui, lui rappelle les grandes forêts du Jura et du bois travaillé par la nature ou sculpté par l’homme, à qui il consacrera encore un ouvrage sur le père Vincendon et un album dédié aux arbres. Les forêts tiendront aussi une grande place dans ses deux séries romanesques Les Colonnes du ciel et Le Royaume du nord.

2- Au temps de Vincendon
Sa relation au bois remonte loin dans son enfance quand son père gravissait lourdement l’escalier de bois dont chaque marche craquait, pour aller dans la chambre où le petit pétrin servait de table de chevet. Son esprit tangue dans des rêves éveillés devant l’immense armoire au pied de son lit, avec ses portes en ronce de noyer, dont le soleil filtrant transfigurait le vieux bois.
L’amour qu’il porte au bois, il le doit d’abord au père Vincendon et son atelier rempli d’outils mystérieux, aux odeurs  de cire et de vernis. Le luthier savait tout faire, guitares, coffrets à bijoux, jusqu’aux « petites merveilles d’horlogerie ». Pour lui, le bois est la matière noble par excellence.

3- De Vincendon au Rhône  
Plus tard à Vernaison c’est le peintre qui pose sur son chevalet une vieille planche de châtaignier qui fut un jour panneau de buffet et qu’il ne put couvrir de peinture. Il ne réussit pas mieux comme sculpteur sur bois, pensant qu’un arbre ne cesse pas de vivre quand le bûcheron l’abat.
Il revoit ces morceaux de bois charriés par le Rhône, blanchis par ses eaux, « musculeux, cassés, noueux ». Vivant alors au bord du fleuve, il en remplissait sa maison. Il pense à ces files de bateaux en bois qui sillonnaient le fleuve avant d’être remplacés par des bateaux à vapeur… en fer. [1] Des croix de bois ornaient la poupe de ces bateaux que les mariniers sculptaient eux-mêmes ; ces croix, véritables œuvres d’art, qu’on peut encore admirer au musée de Serrière-sur-Rhône. Il a une tendresse particulière pour le musée Gadagne dans le Vieux Lyon, surtout la salle du compagnonnage avec ses charpentes et ses cannes sculptées. La salle des marionnettes lui inspire un de ces contes de Noël qu’il aime écrire. [2]

4- Voyage avec le bois  
Le bois est ce que les hommes en font : terrible quand il sert à la guillotine, à fabriquer potences et gibets, positif quand c’est la croix du Christ ou celle de sa mère, parfois pitoyable comme ces croix alignées dans les cimetières. Si tout est poésie, la Commanderie du Temple à Dole l’est particulièrement, surtout depuis qu’il est patiemment remis en état par son ami, le peintre Roland Gaubert, dans une harmonie de bois, de pierre et de fer. Avec son ami Hervé Bazin à Preuil dans le Cher, on est chez un homme amoureux du vieux bois. Jamais il ne s’est résolu à se séparer de ses vieux meubles. Amour du bois, histoire des meubles, il les examine sous tous les angles, les palpe et les ausculte pour en percer le mystère.

Il se souvient aussi de ce grand hangar où son père préparait le bois pour l’hiver ; car le bois est aussi fait pour être travaillé et parfois finir au bûcher. Ces travaux rythmaient la vie, le fendage des bûches annonçait l’automne et la rentrée des classes. Il regrette le temps de sa jeunesse à Vernaison quand, dans son atelier en compagnie de son chien et de kiki le canard, il répétait les gestes du sculpteur et de l’ébéniste.
Quand il se sentait heureux.
Son rapport au bois, mélange de joie et d’amertume parfois, c’est ce qu’il appelle « le grand mystère poétique de la vie secrète du bois ».
               Gravure sur bois                                                         Bûcher à Château-Chalon

Bibliographie : Les albums de Clavel

  • Célébration du bois, Éditions Robert Morel, 1962
  • Bonlieu ou le Silence des nymphes, dessins de J.-F. Reymond, Éditions H.-R. Dufour, 1973
  • Fleur de sel, les marais salants de Guérande, texte de Bernard Clavel, photos de Paul Morin, Éditions Le Chêne, 1977 et 1985
  • Arbres, par Bernard Clavel et Grégoire Curien, Éditions Berger-Levrault, 1981, réédition 1995, 
  • Terres de mémoire, le Jura, de Bernard Clavel, Georges Renoy, et Jean-Marie Curien, Éditions Jean-Pierre Delarge, 1981
  • Les Vendanges, texte de Bernard Clavel, photos de Janine Niepce, Éditions Hoebeke, 09/2000, 104 pages
  • L'hiver, éditions Nathan, collection Voyages et nature, 10/2003, 192 pages
Bibliographie  
* '' L’espion aux yeux vert, nouvelle intitulée Le père Vincendon'', Bernard Clavel, Robert Laffont, 1969
* '' Arbres] '', Bernard Clavel, éditions Berger-Levrault, 1981
* '' L’arbre qui chante'', Bernard Clavel, éditions La Farandole, 1967
* '' Les larmes de la forêt'', Bernard Clavel,  éditions Hesse, 1997
* '' Légendes des montagnes et des forêts, Bernard Clavel, éditions Hachette, 1975

Notes et Références
[1] Voir cette histoire romancée dans ''Le Seigneur du fleuve''
[2] Voir son livre ''Histoires de Noël'', éditions Albin Michel, 2001 

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