mardi 10 octobre 2017

Bernard Clavel Témoignages - 7 ans

Sept ans déjà...



Ce jeudi 5 octobre 2017, voici 7 ans que Bernard Clavel nous a quittés. C’est l’occasion du temps des souvenirs comme ces quelques témoignages qui en donnent par petites touches un portrait pointilliste.

Dans une interview à Lons Magazine datant de 1996, Bernard Clavel évoque quelques épisodes de son enfance à Lons-le-Saunier. « J’ai passé mon enfance à voir tous les cirques à Lons. Il n’y en avait jamais un sans que mon père m’y emmène. Pour deux choses : la cavalerie – il adorait les chevaux – et le trapèze – parce qu’il avait été trapéziste. » Admiration pour le sportif accompli qu’avait été son père et que, suivant ses traces, il serait aussi un jour, un athlète qui suivrait "l’hercule sur la place". [1]

Autre témoignage, celui de monsieur Thouvenod, propriétaire de la librairie des Arcades est fier de rappeler que la toute première dédicace de Clavel se soit faite chez lui, à l’époque où la librairie s’appelait encore Degrandy, du nom de la propriétaire qui la tenait alors avec son frère, M. Jannier. Daniel Thouvenot, qui aime particulièrement les récits de Bernard Clavel, raconte : « Au début de sa carrière d’écrivain, Clavel travaillait à Lyon et M. Jannier avait aimé son livre "Pirates du Rhône". Il voulait le faire venir à Lons, mais Clavel n’avait alors pas un sou : Jannier lui avait donc payé le voyage, l’hôtel, le restaurant pour faire venir ce jeune auteur encore très peu connu. »  

            
Pierre Trabaud dans Légion             Clavel pendant une interview sur Légion

Bernard Clavel, dans une archive de  l’INA datant de 1971, évoque le tournage du téléfilm Légion à Courbette et à Lons. [2] L’acte de naissance n’est qu’un morceau de papier, mais dit-il « je crois beaucoup à une chose, c’est que nous avons tous des racines et que ces racines, qui nous donnent la sève nous permettant de faire une œuvre, on ne les arrache jamais. » L’occasion pour lui de renouer avec le passé et de revenir dans son Jura natal où il va s’installer dans le village de Château-Chalon.

À Villers-le-Lac, Yves Droz se souvient de celui qu’il appelle « ami très attachant  ».
Yves Droz, c’est le témoin de la période "haut-doubiste" de Bernard Clavel à la fin des années 70. Leur rencontre, due au hasard, a débouché sur une belle amitié. « A l’époque, se souvient-il depuis son jardin du haut-Doubs à deux pas de la Suisse, je tenais l’Hôtel de France. Bernard Clavel rentrait du Canada et cherchait à s’installer dans le Haut-Doubs. Il cherchait une maison tranquille dans un lieu enneigé, c’était important pour lui. [3] Finalement, il a trouvé une vieille ferme à rénover dans le hameau du Pissoux sur la commune de Villers, à quelque 1 000 mètres d’altitude. Le temps d’effectuer les travaux de rénovation, il nous a demandé s’il pouvait loger dans notre hôtel. C’était pour moi un grand honneur ».


           
Bernard Clavel au Pissoux à Villers-le-lac dans le Doubs


« Et je n’oublie pas non plus, la découverte d’un magnifique vin jaune avec des noix et du comté, chez les Droz, à l’hôtel de France de Villers-le-Lac, dit Gilles Pudlowski, un autre ami. Je le revois, bien sûr, en Franche-Comté, skiant dans la neige au cœur du Revermont, se hasardant entre les arbres ailés de la forêt de Chaux ou lorgnant la lumière du lac, entre Morges et Saint-Saphorin, que nous explorâmes ensemble. »

 Au fil des mois passés à Villers-le-Lac, la relation entre l’hôtelier et son client est vite devenue une vraie relation amicale : « On le conseillait pour le choix des artisans : le maçon, le plombier, le menuisier… Comme on était fermés le lundi, on allait le voir à la ferme pour faire de belles balades à ski ou à pied avec nos épouses. Je me souviens d’excellents moments passés en leur compagnie ». Après Villers, la bougeotte a repris l’écrivain parti s’installer en Suisse dans les années 1981-82 : « On lui rendait régulièrement visite à d’abord à Morges en Suisse, [4] à Eygalières vers les Baux de Provence  puis à Courmangoux dans l’Ain. » [5]

             
       Bernard Clavel à Lyon                       La maison de Chateau-Chalon

Son compagnon de ski se souvient d’un « ami très attachant, de profondément humain et aussi de très farceur : il aimait beaucoup rire. » Mais ce qui a marqué le plus Yves Droz qui était aux côtés de Bernard Clavel pour son dernier au revoir, c’est l’engagement social de l’homme : « J’appréciais sa grande humanité. Beaucoup de politiques ou de syndicats ont tenté de le "récupérer" mais lui disait toujours : "Je serai toujours avec ceux qui prennent les bombes sur la gueule plutôt qu’avec ceux qui les lancent". Sa vie a été un combat humain de tous les instants. »

Voir aussi
- Témoignages 2010 -- Clavel dans le Jura --

Notes et références
[1] Voir son roman autobiographique éponyme.

[2] "Légion" est une nouvelle intégrée au recueil "L’espion aux yeux verts" dont fut tiré un téléfilm tourné en grande partie dans le petit village de Courbette situé du côté de Conliège, au sud de Lons-le-Saunier. (voir le fichier Récits et essais)
Dans cette nouvelle, un ancien légionnaire s’installe dans un petit village du Jura. Mais sa trop grande curiosité va le perdre.
[3] Qui lui évoquait sans doute le Québec dont il gardait encore la nostalgie. Sur cette nostalgie, voir son roman "L’homme du Labrador".
[4]  Morge, au bord du lac Léman, "la lumière du lac" comme il l’appelait, nom qui a son titre au tome 2 de sa saga "Les colonnes du ciel".
[5] Voir ma fiche "Bernard Clavel à Courmangoux" sur le site Sur les pas des écrivains.


<< Christian Broussas - BC Témoignages - Feyzin, 10/10/2017 - © • cjb • © >>

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