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1- Introduction --Petit portrait de Bernard Clavel d’après Danielle Pampuzac, Œuvres complètes, tome I, préface, Éditions Omnibus
Des yeux
clairs dans les gris-bleu, couleur de ces fleuves qu’il connaît bien, pull-over
dans les mêmes tons. L’homme, sa « tendresse un peu bourrue »,
naturel tel qu’il est toujours dans la
vie, d’une fidélité à toute épreuve, parle de façon posée et volubile.
« Il pourrait sortir d’un de ses romans », ajoute-t-elle.
Sortir d’un
roman comme Le Seigneur du fleuve par exemple, costaud, clame, obstiné,
« débordant d’une énergie maîtrisée ». Et comme tout créateur,
rêveur, pas toujours présent, en ''colloque singulier'' avec ses personnages,
mais en même temps attentif et toujours disponible pour « les engagements
qu’il juge essentiels ».
Enfant, il
vit dans une maison sans livres et sans électricité et cette absence, ce
manque, il le comble en aiguillant son imagination, voguant au grand large dans
un univers d’aventures héroïques, perché sur le chêne étêté planté dans le
jardin. Ses ''universités'', il les fera comme apprenti boulanger, bûcheron,
relieur, journaliste… travaillant la terre avec l’Espagnol ou s’exerçant à
L’Hercule sue la place. Ses romans,
il nous parle de toutes ces expériences, ils nous parlent de nous aussi, par la
subtile alchimie de la transposition romanesque, l’épuisante obstination du
conteur, « engrangeur de mémoires », à créer des univers où le
lecteur puisse se projeter.
Michel Ragon Pierre Mc Orlan
Michel Ragon Pierre Mc Orlan
2- Bernard Clavel de 1968 à 1975 : par Michel Ragon, Œuvres complètes, tome III, préface de Michel Ragon, éditions Omnibus, septembre 2004, isbn 2-258-06593-0
L’année 1968 est un grand cru pour Bernard Clavel, année où il est révélé au grand public, année de consécration avec Le grand prix littéraire de la ville de Paris puis le Prix Goncourt pour son roman Les fruits de l’hiver (dernier tome de La Grande patience). En 1970, il retourne dans son Jura natal à Château-Chalon où dans son nouveau roman Le Seigneur du fleuve, il renoue avec le Rhône, ce fleuve qu’il aime tant et qui est le vrai héros du roman.
Les années soixante dix vont être marquées par son engagement envers
tous ceux qui souffrent de par le monde, et d’abord les victimes de la violence
et de la guerre. Cet engagement va se traduire par des actions ‘sur le terrain’
avec l’association Terre des hommes puis au Bangladesh où il
criera « sa
rage d’impuissance », il se fait militant pacifiste et
tiers-mondiste avec son ami Louis Lecoin ou combat l’erreur judiciaire
dans l’Affaire
Jean-Marie Deveaux.
Sur le plan littéraire, ce sera son essai Le Massacre des innocents en
1970 et la longue préface au livre de Claude Mossé Mourir
pour Dacca en 1972 où il écrit que « la guerre avilit l’homme ».
Puis ce sera son roman ‘anti militariste’ Le Silence des armes en 1974 suivi de Lettre à un képi blanc l’année
suivante, ainsi que nombre d’articles dans Liberté, la revue pacifiste de Louis
Lecoin.
Bernard Clavel, à l’instar de ses aînés Zola, Hugo ou
Voltaire, pose sa plume pour brandir l’étendard de la justice et de la
paix car écrit Bernard Clavel « le plus
grand malheur du monde vient de ce que le pouvoir se trouve entre les mains de
quelques individus qui se sont prostitués pour l’obtenir et que seuls
intéressent ce pouvoir et l’argent qu’il procure ».
Louis Lecoin et Eugène Le Roy
3- L’engagement : ''Pour Louis Lecoin'' : préface de Bernard Clavel -- ''Écrits de Louis Lecoin'', Paris, 1974, avec une préface de Bernard Clavel, éditions de l’Union pacifiste, Œuvres complètes, tome III, pages 962-966, Éditions Omnibus
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Louis Lecoin et Eugène Le Roy
3- L’engagement : ''Pour Louis Lecoin'' : préface de Bernard Clavel -- ''Écrits de Louis Lecoin'', Paris, 1974, avec une préface de Bernard Clavel, éditions de l’Union pacifiste, Œuvres complètes, tome III, pages 962-966, Éditions Omnibus
Pour sûr, Louis
Lecoin n’eût pas goûté qu’on l’appelle un héros, lui qui a consacré sa vie
à lutter pour la justice et la paix. Mais qui serait un héros si Lecoin
ne l’était pas ! Il sut toujours dominer sa peur physique bien qu’il
luttât constamment les mains nues. Il apparaît comme un Don Quichotte s’échinant contre l’absurdité, la sottise, la corruption et
le vice. Malgré sa fragilité apparente, il émanait de sa personne un grand
magnétisme qui en imposait. « Très tôt, je me suis frotté à la vie, écrit Bernard
Clavel, rencontrant ainsi bien des misères et bien des injustices » mais sa révolte n’a jamais
égalée celle de Lecoin, « regardez-le
s’avancer comme un vieil arbre torturé par les vents les plus sauvages mais qui
a su résister à toutes les tempêtes sans jamais courber l’échine ».
Son combat
le plus connu, c’est d’avoir réussi à arracher le statut d’objecteur de
conscience. Mais derrière cette victoire, il y a de 1906 à 1971 quelque
soixante années de luttes. Cet homme intransigeant, épris de liberté, de
justice et de paix, dérangeait beaucoup : ses amis d’abord parce qu’il
allait toujours au bout des actions qu’il engageait et leur demandait beaucoup,
et surtout ceux qu’il dénonçait, ploutocrates, politiques et militaires. De son
premier engagement où il refusa de marcher contre des grévistes, des actions
pour faire libérer des anarchistes emprisonnés jusqu’à l’objection de
conscience où il mit sa vie en danger, il passa son existence à lutter et
connut souvent la prison.
Voir
aussi : ''Le
cours d’une vie'', Louis Lecoin et '' Louis
Lecoin '', film biographique réalisé par
Jean Desville
4- Pierre Mac Orlan : article de Bernard Clavel, Œuvres complètes, tome III, pages 953-957, Éditions Omnibus
4- Pierre Mac Orlan : article de Bernard Clavel, Œuvres complètes, tome III, pages 953-957, Éditions Omnibus
Mardi 30
juin 1970 – Saint-Cyr-sur-Morin. Pierre Mac Orlan, il ne voulait
plus voyager, l’âge sans doute et la mort de sa femme Margot, il
voyageait dans sa tête ou on venait le visiter, François Villon par
exemple et bien d’autres entraient chez lui un soir sans crier gare. Il a
préféré s’en aller « par le petit
chemin de la colline, celui qui contourne le village et gagne le cimetière sans
troubler le va-et-vient des vivants ».
Dans les
multiples talents qu’il avait, tout était lié, l’amitié avec la solitude, la
chanson, la radio, le cinéma… et son œuvre variée, diverse, généreuse à ne pas
pouvoir en faire le tour car « on ne fait pas le tour d’horizon de
l’émotion ». Il possédait un immense pouvoir d’évocation, « quelques mots égrenés et c’est l’étoile qui s’allume
au ciel de notre nuit »
comme sa Marguerite de la nuit. Tout en préservant son unité, il
est passé naturellement du poème au roman, de la chanson à l’essai et du
reportage à la chronique.
5- Eugène Le Roy : article de Bernard
Clavel
Œuvres
complètes, tome III, pages 945-951, Éditions Omnibus
Son existence « est unique dans l’histoire des Lettres »,
nous assure Bernard Clavel. C’était un pur, « un homme bon mais
d’une intransigeance absolue » qui dut le succès au hasard d’un
sénateur lisant dans le train un feuilleton de son cru et s’en enthousiasma. Né
en 1836 au château
de Hautefort en Dordogne, il vécut l’enfance miséreuse de
son héros Jacquou le croquant. Il connut une jeunesse difficile, cherchant sa
voie, tour à tour employé à Paris, militaire participant aux campagnes
d’Algérie et d’Italie puis employé percepteur dans son Périgord natal.
Il y mène une vie rangée avec femme et enfants jusqu’à la guerre de
1870 où il s’engage dans l’armée Chanzy. Un sentiment domine chez lui : l’injustice
l’insupporte. Dès lors, il dénoncera les injustices dans des articles parfois
violents et en payera le prix : révoqué puis réintégré en 1878, muté
ensuite à Bordeaux. Dans son Périgord, il passe ses journées à écrire
et, étonné, refuse d’aller à Paris, de recevoir un prix ou la légion d’honneur.
Consciencieux et méthodique, il rédige une notice sur l’ensemble de ses
écrits, en particulier sur Le Moulin de Frau, le roman qui l’a fait
connaître et bien sûr Jacquou le croquant. Il considère le roman comme
une façon d’exprimer l’amour de sa terre périgourdine, de créer des personnages
qui comme lui luttent contre les injustices et vivent aussi « ses plus beaux rêves ».
Mais le drame entre dans sa vie : il perd son fils aîné puis est
victime d’une crise cardiaque. Á la fin de sa vie, il écrira à ses enfants de
dédaigner la gloire, le pouvoir et les richesses car les véritables biens en ce
monde sont la santé, l’indépendance et la paix du cœur. La mort, il ne la
craint guère et s’y est déjà colleté à travers son roman L’ennemi de la mort et
c’est avec sérénité qu’il l’attendra.
Courbet : autoportrait |
Voir aussi :
- Eugène Le Roy et le Périgord, Christian Seignol, éditions P Fanlac,
Périgueux
- Eugène Le Roy, romancier périgourdin, Gaston Guillaumie, Librairie
Féret, Bordeaux
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